“Mieux former les éducateurs” (archive hiver 2016)
Depuis cet automne, les Etats-Unis interdisent les têtes au football pour les enfants de moins de 10 ans. Réaction du Dr Frédéric Moyère, qui s’occupe des équipes de jeunes de l’OL.
Par précaution médicale, la Fédération américaine de football a décidé début novembre d’interdire aux enfants de moins de 10 ans de faire des têtes à l’entraînement et en match, puis de limiter le nombre de têtes de 11 à 13 ans. Etes-vous surpris par ces décisions ?
Frédéric Moyère : Oui car ça fait quand même 22 ans que je suis médecin à l’Olympique lyonnais et en deux décennies, j’ai dû voir cinq commotions cérébrales chez des joueurs ! Et puis, huit fois sur dix, les commotions cérébrales sont dues à des chocs directs : coups de coude, collisions crâne contre crâne… Des chocs beaucoup plus violents que la réception d’un ballon avec la tête. De plus, je suis étonné par l’interdiction du jeu de tête aux moins de 10 ans car avant cet âge, il n’y a pas de jeu aérien, seulement du jeu au pied effectué sur des terrains aux dimensions très réduites. En effet, morphologiquement et musculairement, les petits n’arrivent pas à faire des têtes. On leur apprend donc surtout à taper dans le ballon et à le contrôler.
Pourquoi les Américains différencient les enfants des adultes ?
En proportion, les enfants ont une plus grosse tête que les adultes par rapport au reste du corps. Ayant encore un déficit musculaire important, les moins de 10 ans n’ont pas encore beaucoup développé leurs muscles de la nuque à cause de cette tête volumineuse. Donc il y a une faiblesse au niveau du rachis cervical qui peut entraîner effectivement des vibrations plus importantes de la boîte crânienne. ...
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