
En ce 28 mai 2021, l’ancien buteur de l’Olympique lyonnais passe le cap de la trentaine. Arrivé tout jeune au centre de formation à l’âge de 12 ans, le gamin de Mermoz a marqué l’histoire du club rhodanien avant de partir à Arsenal. Retour sur les onze premières années de la carrière professionnelle d’Alexandre Lacazette semées d’exploits mais aussi d’embûches.
1991, la genèse
Avant de commencer, il faut revenir aux sources. Alexandre Lacazette a vu le jour le 28 mai 1991. Natif de Lyon et issu d’une famille originaire de la commune guadeloupéenne d’Abymes, il a grandi au sein du quartier Mermoz dans le 8e arrondissement. Il commence à taper dans le ballon rond dès son plus jeune âge. C’est à 13 ans qu’il intègre son tout premier club, le FC Gerland. Ravagé par un incendie dans la nuit du 22 au 23 novembre 2018, les locaux situés dans le 7e arrondissement partent en fumée.
Les souvenirs matériels du passage d’Alexandre, de 1997 à 1998, à savoir les trophées remportés et ramenés fièrement ainsi que les maillots qui témoignaient de sa réussite, édifiés au dessus de la buvette, ont été réduits en cendre. Entre 1998 et 2003, notre petit bonhomme rejoint l’Élan Sportif, l’équipe du 8e arrondissement de la métropole lyonnaise. Il y est resté cinq années consécutives, de 1998 à 2003, avant de passer à l’étape supérieure, l’une des étapes les plus importantes de sa vie de footballeur.
2003, le pied à l’étrier
Du haut de ses 12 ans, Alexandre Lacazette pénètre dans les entrailles du centre de Tola Vologe. La machine est lancée. Il va y suivre toute sa formation jusqu’en 2008. Le jeune adolescent contemple de ses yeux rêveurs l’épopée lyonnaise, avec notamment les sept titres de champion de France. L’objectif est déjà clair dans sa tête : fouler la pelouse du stade de Gerland avec les grands. Avec l’équipe réserve, Lacazette impressionne de plus en plus dans le secteur offensif, bien que sa taille (1m69) en dessous de la moyenne à ce poste lui soit reproché plusieurs fois, sans grande conséquence. Il effectue son premier match avec les séniors, sous Robert Valette, à l’âge de 17 ans le 23 août 2008 contre Agde alors en CFA. Il faudra attendre encore un court bout de temps pour le voir faire trembler les filets pour la première fois. Cet événement arrive le 23 mars 2009 contre le Gazélec Ajaccio. C’est par un doublé qu’il inscrit ses premières réalisations avec l’Olympique lyonnais face au club corse (4-0). Le jeune attaquant, reconnaissable sur le terrain par ses dreadlocks, termine la saison 2008-2009 avec un total de 19 matchs disputés en championnat pour 5 buts inscrits. Cerise sur le gâteau, la réserve est sacrée championne de France. Des débuts encourageants.
Lors de la saison suivante, 2009-2010, il confirme l’étendue de son talent et son état de forme. Il est auteur de 12 buts sur les 22 marqués par l’équipe de CFA de l’OL. Ses trois doublés inscrits face à Toulon, Le Pontet et l’équipe réserve de Grenoble le propulsent un peu plus vers la lumière. La réserve lyonnaise est une nouvelle fois sacrée championne et autant dire qu’Alexandre Lacazette a contribué à ce nouveau titre. En demi-finale, il a notamment marqué à deux reprises face au PSG (0-3). Tout se déroule pour le mieux pour le natif de Lyon. La ligue 1 n’est désormais plus très loin. Elle se présente même à portée de main.
2010, premiers pas dans l’élite
Ce n’est ni une consécration ni un aboutissement. Seulement le chemin emprunté par les joueurs les plus talentueux et méritants, qui ont travaillé d’arrache-pied pour en arriver jusque-là. Alexandre Lacazette garde la tête froide lors de ses débuts en Ligue 1. Le 5 mai 2010, il remplace Bafétimbi Gomis à la 78e minute de jeu. L’OL défie l’AJ Auxerre dans un stade de Gerland regroupant 36 262 spectateurs. Lacazette, numéro 38 sur le dos, dispute ainsi son premier match dans l’élite dans le cadre de la 36e journée du championnat. Le club rhodanien s’impose dans les dernières minutes sur le score de 2 buts à 1 grâce à des buts de Lisandro López et Miralem Pjanić. Notre jeune joueur n’aura pas eu franchement le temps de s’illustrer pour sa grande première. Qu’à cela ne tienne, ce n’est que partie remise. Et à ce moment-là, nombreuses sont les personnes qui ignorent qu’il va inscrire son nom dans l’histoire du club.
Quelques semaines plus tard, le 3 juin 2010, Alex Lacazette signe son premier contrat professionnel d’une durée de 3 ans avec l’Olympique lyonnais. Il y jouera quatre années supplémentaires. Lui restant encore un an de contrat stagiaire à acheminer, son nouveau bail ne prend effet qu’à compter du 1er juillet 2011. Peu importe, ce fait du destin n’empêchera pas à l’histoire de s’écrire. Il marque son premier but en Ligue 1 face à Sochaux le 30 octobre 2010 à la 69e minute, comme un signe du destin, offrant ainsi la victoire à l’OL (2-1). Derrière, 128 autres suivront toutes compétitions confondues.
2012, le prodige devient numéro dix
À l’aube de la saison 2012-2013, Alexandre Lacazette hérite du numéro 10 jusqu’ici porté par Ederson qui s’en allait. Avec l’effectif de Rémi Garde, il se rend aux États-Unis à New-York pour disputer le Trophée des champions face à Montpellier présidé par Louis Nicollin. À l’autre bout du monde, Lacazette sait se rendre décisif en accordant une passe décisive à Briand. L’OL s’impose à l’issue d’une séance de tirs au but (2-2, 4-2 t.a.b).
2013, le replacement qui change tout
Au cours de la saison 2013-2014, Garde va le resituer à son poste de prédilection, la pointe de l’attaque. Il avait débuté ailier droit depuis la reprise. À cette époque, la cohésion de groupe est forte avec une identité lyonnaise marquée dont le capitaine est Maxime Gonalons. Alexandre Lacazette se sent soutenu et ça va vite se sentir. Suite au replacement tactique évoqué précédemment, il va devenir très prolifique en championnat, 15 buts et 22 réalisations toutes compétitions confondues, et ainsi réaliser la meilleure saison de sa jeune carrière. Il en surprend positivement plus d’un dans les travées de Gerland, et à juste titre puisqu’il affirme vouloir continuer l’aventure avec l’équipe rhodanienne. Mais le meilleur pour lui avec son club formateur reste encore à venir.
2014-2015, l’éruption d’un volcan
Alexandre Lacazette a vu le fruit de ses efforts payer lors de la saison 2014-2015. À l’issue de cet exercice, il totalise 26 buts en Ligue 1, faisant de lui le plus grand buteur de l’histoire de l’OL sur une saison complète du championnat. Il sera récompensé du prix numéro un des Lions du Sport, incarnant le plus sportif des Lyonnais, en février 2015 pour cette performance record. Il se montre décisif à de nombreuses reprises et porte son équipe vers le haut aux côtés de Bafétimbi Gomis et Jimmy Briand dans le secteur offensif. En championnat, l’OL termine la première partie de saison à la deuxième place, à seulement deux unités du leader Marseille. Lacazette va continuer sur sa belle lancée en inscrivant un quatrième doublé consécutif face à Toulouse (3-0).
Avec 19 buts en 20 matchs, il devient ainsi le second plus grand buteur européen (derrière Cristiano Ronaldo) évoluant à cette période. En janvier 2015, Lyon reçoit le FC Metz (2-0) et ça ne sera pas sa journée. Certes, Alexandre Lacazette marque sur pénalty, avec une célébration dans les filets les poings serrés, mais se blesse quelques minutes plus tard. Victime d’une lésion musculaire à la cuisse, il est contraint de céder sa place. Pendant ce temps d’arrêt de quelques matchs, Sonny Anderson fait son bilan et affirme qu’il est « déjà dans le cercle des grands attaquants de l’Olympique lyonnais. » Face au Stade de Reims le 26 avril 2015, il marque son 26e but de la saison en Ligue 1 et se voit décoré par le Trophée UNFP du meilleur joueur du championnat. L’OL, ayant laissé passer sa chance notamment à domicile contre Nice (1-2), termine dauphin du Paris Saint-Germain avec huit points de retard.
2016, en dents de scie
La saison suivante, 2015-2016, Lacazette pêche dans son début de saison. On observe un joueur en perdition et qui manque de confiance en lui (23 buts en 43 rencontres TTC au total). Il reprend du poil de la bête en cours de saison avec notamment ce triplé mémorable à l’occasion de l’ultime derby à Gerland face à l’ASSE (3-0). Juste avant de quitter le 7e arrondissement pour rejoindre Décines, on se satisfait d’un Alexandre Lacazette en pleine confiance et qui retrouve peu à peu son bon niveau de jeu amené par une finition aux petits oignons. Le 9 janvier 2016, il marque le tout premier but de l’Histoire dans le nouveau stade de l’Olympique lyonnais, surnommé à ce moment-là le « Stade des Lumières ». Il est l’un des grands artisans d’une inauguration de l’enceinte sportive réussie avec une victoire face à Troyes (4-1). Il est désormais question de se diriger vers l’Europe mais de manière plus assidue, constante et sereine sur le terrain.
2016-2017, Lacazette tutoie l’Europe
Difficile de dire que sa saison en Ligue 1 commence mal. Avec un triplé infligé à l’AS Nancy Lorraine (0-3), dont une passe décisive du portier Anthony Lopes, le buteur Alexandre Lacazette va s’apprêter à monter sur la scène européenne. Il aura fait partie des grands joueurs de l’épopée européenne de l’OL en 2017. Dans les phases éliminatoires à l’issue des poules, il affirme son autorité et sa prestance. Sur le terrain, il mouille le maillot. Contre l’AS Roma en 8e de finale aller au Parc OL, Lacazette est à la conclusion d’une soirée complètement dingue pour son équipe. Il confirme d’une grande classe la victoire des siens (4-2) par une frappe sèche en pleine lucarne, à la suite d’un une-deux maîtrisé avec Tolisso, juste avant d’éliminer deux défenseurs par des feintes de frappes d’une grande technicité. Un but et une célébration qui font encore et toujours échos dans les mémoires des supporters lyonnais. Le « Général Lacazette » a frappé fort ce soir là.
Face au Beşiktaş Istanbul en quart de finale retour de l’Europa League, après un match aller remporté 2 buts à 1 par Lyon avec un but de Jérémy Morel qui restera, il pense mettre les siens dans de bons rails à la Vadafone Park. Il touche les montants à deux reprises dans le match, mais parvient à remporter son duel face à Fabri lors de la séance de tirs au but (2-1, 6-7 t.a.b) emmenant son équipe droit vers son destin tragique. En demi-finale sur le terrain de l’Ajax, le match aller est un échec pour l’OL qui s’incline 4 buts à 1. Au match retour, le peuple de Lyon croit dur comme fer à la « Remontadajax ». Alexandre Lacazette va être omniprésent dans ce match en inscrivant un doublé en deux minutes juste avant la pause (45′, 45+2′). La tête de Rachid Ghezzal (80′) n’avait pas suffit à l’OL pour décrocher son ticket direction la finale à Stockholm. La frappe de Maxwel Cornet (89′) était pourtant passée tout proche du montant d’Onana et aurait pu d’envoyer le Parc OL, alors en ébullition, au septième ciel. On retrouve un Alex Lacazette abasourdi, désabusé et écroulé sur la pelouse de Décines, à la limité de cacher ses larmes. Des moments cruels qui font partie de la vie d’un joueur persévérant.
2017, sur la route de Londres
C’est face à Nice (3-3) lors de la 38e journée de la saison 2016-2017 qu’Alexandre Lacazette clôture son long chapitre à l’Olympique lyonnais. Il marquera pendant ce match ses 99e et 100e buts avec Lyon. Quel bonhomme de chemin. Comment partir de son club formateur par la grande porte ? Il rejoint donc Arsène Wenger à Arsenal le 5 juillet 2017. Il s’engage pour 5 années contre une somme estimée à 60 millions d’euros. L’OL tire profit d’un des plus gros transferts de son histoire. Lacazette ne va pas s’affirmer tout de suite à Arsenal. Après un temps d’adaptation long de plusieurs mois, il forme le nouveau duo offensif des Gunners aux côtés de l’ancien attaquant de l’AS Saint-Étienne, Pierre-Emerick Aubameyang. Quatre années plus tard, le bilan de Lacazette à Arsenal s’élève à 171 matchs pour 65 buts inscrits. Un constat plutôt convenable malgré le fait que l’enfant de Mermoz ait petit à petit été oublié de sa sélection nationale.
L’équipe de France, ce mystère sans fin
La dernière sélection d’Alexandre Lacazette chez les Bleus remonte au 14 novembre 2017. Il avait inscrit un doublé contre l’Allemagne en match amical à Cologne (2-2). Depuis, Didier Deschamps a l’air de s’en passer volontiers, malgré des performances en club et individuelles qui sortent du lot en comparaison de certains joueurs sélectionnés à chaque rassemblement. Alors qu’il a inscrit son premier but avec l’équipe de France sur la pelouse du stade Geoffroy Guichard à Saint-Étienne le 29 mars 2015 contre le Danemark en amical, Lacazette n’aura pas eu la chance de participer à l’Euro 2016, placé sur le banc des réservistes, ni au Mondial 2018. Une absence en sélection de longue date, plus de trois ans, qui suscite de grandes questions. Y’a-t-il un conflit en interne avec Didier Deschamps ? La situation, en tout cas, reste surprenante.
À 30 ans, Alexandre Lacazette est toujours un joueur complet. Rapide, lucide et efficace devant le but, il enregistre un palmarès correct. Une coupe de France avec l’OL en 2012, un Trophée des champions la même année avec la même équipe, ainsi qu’une coupe d’Angleterre avec Arsenal en 2020 puis une Community Shield remporté en 2017. Il sera allé jusqu’en finale de la Ligue Europa en 2019 face à un autre club londonien, Chelsea, où il se sera lourdement incliné (4-1). Alors qu’une rumeur court autour d’un potentiel retour à Lyon, beaucoup de supporters de l’OL l’accueilleraient bien à bras ouverts.
Crédit photo : Damien LG
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