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AnalyseHumeur

Les angles morts de l’effet PygmaLyon

« L’effet Pygmalion, du nom de la mythologie grecque, est une prophétie autoréalisatrice qui permet d’augmenter les chances de réussite ou de performance. Utile dans tous les domaines de la vie quotidienne, il permet d’améliorer les chances de succès en croyant fortement à sa réussite. » Cette définition simple du site Ooreka Santé donne un angle d’analyse intéressant sur la situation de l’OL ces dernières semaines. Invaincus depuis 15 matchs et disposant du troisième meilleur total de points de leur histoire à la mi-saison, les Lyonnais, joueurs comme supporters, se prennent à rêver d’un huitième sacre national. Pourtant, le PSG n’est qu’à un point. Et il reste 19 matchs à jouer.

L’année ou jamais ?

« Lyon vient de prendre 22 points sur 24 possibles, mais la séduction est venue, hier soir, de la manière enhardie dont il a défié le champion en titre, pas seulement de son bilan » écrivait Vincent Duluc dans les colonnes de l’Équipe après la belle victoire des Gones au Parc des Princes (1-0) mi-décembre. Depuis cet exploit face à l’ogre parisien, les regards des suiveurs de la Ligue 1 sur l’OL ont changé : pour beaucoup, le club rhodanien est devenu un candidat crédible pour soulever l’Hexagoal en fin de saison. « Lyon champion, je le crois. Ils ont le groupe et le talent qu’il faut. Ils ont aussi une force collective et un tempérament. Ils ont envie de travailler ensemble, ce qui n’était pas forcément le cas. Il y a une vraie constance que l’on voit. Et puis, il n’y a pas de matchs de coupe d’Europe et ça, c’est très important. » appuyait Franck Leboeuf sur le plateau de Téléfoot dimanche dernier. L’argument de l’absence de Coupe d’Europe a d’ailleurs été régulièrement mis en avant pour justifier le fait que Lyon avait une possibilité de titiller le PSG cette saison. « Je ne vais pas te cacher que j’ai misé une petite pièce sur un podium de l’OL cette année. Et franchement, alors qu’on ne joue pas de coupe d’Europe cette année, tout autre classement serait un échec ! » lançait par exemple Cyril, notre supporter détenteur du dernier maillot porté par Cláudio Caçapa à Lyon. L’exemple de la belle saison (tronquée) de l’OM l’an dernier (2ème), avec le championnat comme seule compétition régulière à disputer, est certainement présent dans pas mal de têtes. Du côté des joueurs de Rudi Garcia, le fait de ne pas jouer de compétition européenne semble également être une source de motivation. « On est l’un des plus grands clubs européens, donc on a les plus grands objectifs. Cette saison, on a ce manque en Ligue des champions, mais ça nous laisse un peu plus de jours de récupération, un peu plus de force pour le week-end. On veut aller le plus haut possible, essayer de tout remporter. » lâchait carrément Houssem Aouar sur les ondes de RMC.

Autre grand motif d’espoir pour les supporters lyonnais : la très belle séquence de 15 matchs consécutifs sans défaite de l’OL, série toujours en cours. Lyon vient de terminer les matchs aller avec un seul match perdu (à Montpellier, 1-2), et 40 points dans la besace. Ce total constituant le troisième meilleur total de l’histoire du club rhodanien à mi-championnat, il est assez compréhensible que les suiveurs de l’OL, les souvenirs des sept titres de champion consécutifs en tête, sentent de bonnes sensations revenir. D’autant plus que le spectacle est au rendez-vous : avec 243 tirs tentés, l’OL est tout simplement l’équipe de L1 qui frappe le plus au but depuis le début de saison. Second en termes de buts inscrits et de dribbles réussis (derrière le PSG), les supporters lyonnais prennent beaucoup de plaisir à voir évoluer leur équipe cette saison. « Lyon est extrêmement solide, ils mettent de l’intensité à chaque fois, il y a des automatismes. Je me régale de voir l’OL depuis plusieurs semaines, mais pas depuis le début de la saison » précisait le journaliste Xavier Domergue au micro de RTL en ce début d’année 2021.

Regarder l’OL avec ses qualités et ses limites

Beaucoup semblent l’avoir oublié, mais l’Olympique lyonnais n’emballait pas grand monde au commencement de la saison 2020-2021. Après 6 journées, les hommes de Rudi Garcia n’avaient qu’une victoire au compteur et pointaient à une triste 14ème place. Aussi surprenant que cela puisse paraître aujourd’hui, le principal problème des Lyonnais résidait dans l’animation offensive. « On a ce manque de réalisme. Cela fait trois matchs où on a les occasions dans les dix premières minutes pour ouvrir le score. A Bordeaux, deux fois, à Montpellier, même si on a frappé sur le poteau, et aujourd’hui (hier) deux grosses occasions. Il faut les transformer. On manque de réalisme offensif en ce moment. Contre des équipes qui jouent toutes derrière avec un bloc bas, si on ne marque pas vite, on a le même scénario tout le match. Il faut trouver les solutions. C’est d’abord de notre faute, nous aurions dû trouver les solutions et concrétiser » analysait par exemple Rudi Garcia après un match nul et vierge au Groupama Stadium face à Nîmes (4ème journée).

Mais pour pouvoir installer un onze, et donc créer des automatismes, l’entraîneur lyonnais a d’abord dû se montrer patient : cet été, le mercato s’est terminé début octobre. A cette époque, plusieurs joueurs cadres (Aouar, Depay, Dembélé) étaient en instance de départ, et l’ancien entraîneur de l’OM avait bien dû mal à savoir quelles allaient être les forces sur lesquelles il allait pouvoir compter sur l’ensemble de la saison. « La fin du mercato estival, le fait qu’on ait un effectif définitif, le fait de garder Memphis et Houssem Aouar, l’arrivée de Lucas Paqueta, d’avoir une attaque avec 3 vrais attaquants, le retour de Thiago Mendes, les arrivées de Benlamri et de De Sciglio etc. Tout cela fait qu’on a trouvé notre rythme de croisière qui est excellent. » lançait Garcia au moment de commenter la première partie de saison finalement réussie des siens, avant le match face à Rennes (2-2).

Et même si le coach lyonnais avait professé que son OL démarrerait réellement sa saison une fois le mercato estival clos, Jean-Michel Aulas a montré de réels signes d’impatience à son égard dès le mois de novembre. Lorsque l’équipe de Top of the Foot l’interroge sur l’avenir de son coach qui arrive en fin de contrat, le président lyonnais est pour le moins énigmatique : « C’est un sujet qu’on a souvent abordé. J’ai dit qu’on ne prendra pas position d’ici la fin de la saison. On se réunira au 31 décembre. J’espère qu’on sera premiers à cette époque-là, pour envisager les choses de manière différente. Ce n’est pas d’actualité pour le moment. Rudi le sait et il est d’accord avec moi pour démontrer sur le terrain et par les performances de l’équipe, si on doit éventuellement envisager quelque chose comme ça. » Ces mots, prononcés à un moment où Lyon était loin de ce souhait présidentiel, se sont finalement avérés prémonitoires : les Gones ont fini champions d’automne, jeu léché en prime. Pourtant, les Lyonnais sont loin d’avoir distancer la concurrence.

Il faut savoir raison garder

« Lyon a le parfait niveau pour être… vice-champion. Je le dis depuis fin juillet et je ne vais pas changer d’avis. Je suis désolé, mais il faut être lucide : ce PSG accumule les bêtises, notamment dans ses compositions d’équipes et ses joueurs utilisés (…) Et malgré toutes ces approximations, Paris n’est qu’à un point de l’OL. Cela veut dire que ce tout petit PSG est au même niveau que ce grand Lyon. Donc, dès que Paris va rehausser son niveau, il va repasser devant. Je constate aussi que, depuis la reprise, Lyon encaisse deux buts par match. Ce n’est pas comme cela qu’il sera champion » refroidissait tout le monde Rolland Courbis dans les colonnes du Parisien il y a quelques jours. Et s’il est vrai que la plupart des observateurs ont pu noter des failles au sein du PSG version 2020-2021, les Franciliens n’accusent finalement qu’un point de retard sur les Gones à la mi-saison. Sans l’égalisation de Denayer dans les dernières minutes à Rennes (2-2), ils auraient même ravi le titre de champion d’automne aux Lyonnais sur le fil. « Je me dis que ça va dépendre du PSG et pas uniquement du parcours de l’OL parce qu’il faudrait qu’ils tournent à 2,5 points par journée. Là, les Lyonnais ils tournent à 2,1. Il faudrait qu’ils augmentent leur cadence, tu imagines ? Je dis ça alors que j’étais en train de changer d’avis, mais il y a eu ce match à Rennes. Si les Parisiens retrouvent un peu de forme, des joueurs, ils peuvent dérouler, aller gagner à Lyon et finir champion. Si le PSG retrouve sa cadence traditionnelle, ce sera chaud pour Lyon. » calculait Daniel Riolo dans l’After sur RMC lundi soir. 

Si les motifs d’espoir sont nombreux, les supporters lyonnais ne doivent pas se voir trop beaux trop tôt : il reste 19 journées à disputer, et donc 57 points à se départager. Même si le calendrier leur est plutôt favorable (réception du PSG et de Lille notamment), la saison 2020-2021 devrait encore réserver bien des surprises, notamment en raison du contexte pandémique. « Mais après, il faut faire attention à ce que l’on dit. Le premier en Espagne, c’est l’Atlético, en Premier League, Manchester United est premier avec Liverpool. En Italie, c’est l’AC Milan. On peut voir qu’il y a beaucoup de changements à cause de cette pandémie. » tempérait Leboeuf sur le plateau de TF1. Comme le dit la maxime pleine de langue de bois que certains joueurs utilisent en zone mixte, les Gones ont tout intérêt à prendre les matchs les uns après les autres et attendre la fin de la saison pour faire le bilan global.

Ca ne déplaira certainement pas à Rudi Garcia qui préfère largement qu’on laisse travailler ses joueurs tranquilles : « On craint le battage médiatique. Les louanges affaiblissent les hommes, il faut remettre les choses en perspective. Je pense que les joueurs le savent. Il faut rester concentré. » Laissons ses joueurs remplir l’objectif du podium fixé en début de saison. Le reste sera du bonus.

Crédit photo : Damien LG
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