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Ces collectionneurs qui mouillent le maillot

Chaque supporter a une relation particulière avec le maillot de son équipe préférée,  bout de tissu arborant les couleurs et l’écusson de son club de cœur et renforçant ainsi son sentiment d’appartenance. Mais certains en veulent plus… Certains veulent détenir une partie de l’histoire de leur club chez eux et se passionnent alors pour les maillots portés par les joueurs durant les matchs. Ce marché est en réalité plutôt défini comme celui des “stock pro” : au minimum, le maillot est préparé pour les joueurs. Être certain que l’objet tant convoité ait véritablement été porté lors d’un match reste très difficile à prouver.

L’affaire Aouar

Il y a quelques jours, une affaire a secoué l’univers des collectionneurs : Houssem Aouar, après avoir offert son maillot à un supporter après la rencontre face à l’OGC Nice (4-1), a eu la mauvaise surprise de découvrir la mise en vente sur l’application Vinted de son cadeau pour la modique somme de 1000 euros seulement quelques heures plus tard. De nombreux supporters choqués ont alors alerté le jeune milieu de terrain lyonnais qui n’a pas manqué de faire part de son dépit.

Le plus gros vendeur de maillots cette saison réfléchira surement à deux fois avant de donné à nouveau son maillot après un match.

Des cadeaux payants pour les joueurs

Mais comment les collectionneurs se procurent-ils les maillots ? Votre magazine préféré Planète Lyon vous expliquait en 2012 (Numéro 14) l’envers du décor : « Pour chaque match, les footballeurs lyonnais ont deux maillots mis à leurs dispositions par les intendants de l’OL. En cas de victoire ils ont le droit de garder un maillot ou de le donner à qui ils veulent : supporters, famille, agent de sécurité du club… Par contre, pour les matchs nuls ou les défaites, chaque maillot donné coûte 90 euros. A noter que lorsque l’Olympique lyonnais était champion, Claudio Caçapa alors capitaine, avait négocié un accord avec Jean-Michel Aulas : les joueurs pouvaient alors donner tous leurs maillots à chaque match sans devoir les payer par la suite, à une seule condition… que l’OL soit premier au classement. » Même si les règles ont probablement changé depuis, ces pièces représentent un véritable enjeu pour bon nombre de passionnés.

Ces maillots, préparés avec soin pendant des années par Guy Genet, intendant historique de l’OL (et ancien joueur du club dans les années 70) ayant pris sa retraite il y a seulement quelques jours, possèdent la plupart du temps de nombreuses différences avec ceux vendus en boutiques officielles. La première réside dans la qualité du flocage : thermocollé, intégré, semi intégré… Adidas avait également pour habitude de différencier les maillots pour les professionnels avec des modèles spécifiques (Formotion puis Adizeo). Pour ceux qui souhaitent davantage de détails, les spécialistes présentant leurs collections sur Instagram auront de précieux conseils à vous donner.

Instagram, le repère des collectionneurs

Parmi eux, Alexis fait figure de référence sur le réseau social. Sa collection, longue comme le bras, ferait baver d’envie n’importe quel fan de l’OL. Ce passionné de maillots est tombé dedans il y a dix ans : « Un jour je vois une paire de crampons de Michel Bastos sur leboncoin, à l’époque c’était un milieu assez fermé et restreint. Je n’y connaissais rien… Mais l’idée d’avoir une paire de crampons d’un joueur m’a rendu euphorique. Une fois la paire récupérée, je ne réalisais pas : je possédais une paire d’un joueur de l’OL ! Les maillots, c’est venu dans la foulée et puis c’est rapidement devenu une drogue. » Ses trois plus belles pièces ? « Mon premier est celui de Lloris contre Schalke 04 en Ligue des champions, mon Messi porté avec le FC Barcelone et bien évidemment celui de Fékir en Coupe du Monde contre la Belgique. » On avait pourtant parié qu’il intégrerait une autre pièce mythique dans ce top 3 : c’est Alexis qui détient le légendaire maillot brandi par Fékir à Geoffroy-Guichard (5-0), un soir de novembre 2017. « Avec les années j’ai réussi à me faire pas mal de bons contacts. Pour le maillot de Fekir, j’ai eu la chance de connaître l’un de ses proches avec qui j’ai sympathisé, il a compris ma passion pour les maillots et a su m’en faire profiter, j’ai ainsi pu récupérer un bout d’histoire car Fekir ne garde pas ses maillots. Mon rêve ultime c’est qu’un joueur me donne son maillot en main propre ! »

L’association OL Muséum

Reconnue par l’OL depuis 2007, une association a été créée pour fédérer le monde des collectionneurs : OL Museum. Cette association loi 1901 a pour but de regrouper les collectionneurs « privés » de l’Olympique lyonnais. Elle permet ainsi d’améliorer les échanges entre collectionneurs. Les différents membres organisent de nombreuses expositions lors d’évènements tels que la braderie de l’OL, les 60 ans du club ou encore la distribution de cadeaux grâce au soutien d’OL Fondation pour les enfants hospitalisés au Centre Léon Bérard. Sylvain Guindé, créateur de l’association, raconte comment lui est venue l’idée: « Étant collectionneur depuis mon enfance et la remontée en D1 du club en 1990, j’ai gardé mes billets de matchs et tous les objets que j’avais pu accumuler durant mon enfance (écharpes, fanions, drapeaux, maillots, pin’s, porte-clefs…). Avec l’arrivée d’Internet, j’ai vu que je n’étais pas le seul à garder mes objets siglés OL, alors en 2006 j’ai voulu créer une association. ». Il confie néanmoins son regret de ne pas avoir été associé au projet du musée: « Nous avons travaillé au départ avec le Comité Départemental Olympique et Sportif du Rhône (CDOS) sur le musée, mais cela s’est compliqué lorsque l’OL a repris le dossier. Faute d’accord, nous avons alors été mis de côté par le directeur (Stéphane Benas), et nous n’avons plus eu l’opportunité de finir ce que l’on avait commencé. » regrette Sylvain Guindé.

Des prix qui flambent

Il reste bien une question que tout le monde se pose : mais ça coûte combien un maillot porté ? Les prix de ces maillots dépendent de multiples facteurs comme l’époque, la rareté, la qualité du joueur ou encore l’état du maillot. Ces dernières années, les prix ont grimpé à une vitesse folle sur ce marché. Un maillot de Juninho ou de Sonny Anderson peuvent atteindre facilement les 500 euros, alors qu’il était encore possible dans les années 2000 de trouver des maillots à des prix à peine plus importants qu’un simple maillot boutique officiel floqué (le prix d’un maillot floqué est de 110.95 euros). Il s’agit donc d’une passion qui fait tourner bien des têtes, mais l’argent est secondaire dans un milieu où la valeur sentimentale de l’objet est bien supérieure à la monétaire. L’adage est connu : quand on aime…

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