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Coup de belinHistoire

Lisandro López, Gaucho devant

« Ohéééé ohé ohé ohé Lichaaaa ! Licha ! ». A la seule évocation de ce chant adapté par les supporters lyonnais pour Lisandro López (attaquant de l’OL de 2009 à 2013), nos visages s’illuminent et des frissons nous parcourent instantanément. S’il n’était pas Lyonnais pendant la période la plus glorieuse de l’histoire du club, l’Argentin a marqué la capitale des Gaules à jamais (10ème meilleur buteur de l’histoire du club). Autant adoré pour son comportement sur le pré qu’en coulisses, personne n’a oublié le passage de Licha entre Rhône et Saône. Planète Lyon revient sur les quatre années de l’idylle entre Lisandro et l’Olympique lyonnais.

La star qui ne voulait pas en être une

Même s’il n’apprécierait certainement pas de lire les lignes qui suivent, c’est bien avec le statut de star que Lisandro López débarque à Lyon en juillet 2009. Vendu par le FC Porto contre 24 millions d’euros hors bonus, l’Argentin devient alors à l’époque le joueur le plus cher de l’histoire du club lyonnais. Chargé de faire oublier le jeune Karim Benzema parti conquérir Madrid, Licha sort alors de quatre années plus que prolifiques au Portugal. Quadruple champion, il a également glané le titre de meilleur buteur du championnat en 2008 (24 buts). Avec son compatriote Lucho González, il fait partie des leaders d’un Porto qui domine alors la Liga Nos de la tête et des épaules. Si le premier cité est transféré à l’OM lors du même mercato estival, c’est bien le défi lyonnais que choisit de relever le joueur formé au Racing. Supervisé à plusieurs reprises par Florian Maurice la saison précédente, le natif de Rafael Obligado n’affectionne pourtant pas particulièrement l’attention qu’il suscite.

« Je n’aime pas le milieu du foot. Il ne colle pas à ma personnalité. (…) Les mentalités, le monde des transferts, des agents… Je ne vais pas être hypocrite, mais c’est juste que j’aime le foot… Et la discrétion. ». Comme il l’expliquait à l’Équipe en 2013, les à-côtés du foot ne sont pas vraiment la tasse de thé de l’Argentin. Solitaire, amoureux de la nature et de la pêche, c’est un Lisandro sur la réserve que découvrent les supporters lyonnais lors de sa première saison. Une qualité qui n’est pas pour leur déplaire, surtout lorsqu’ils constatent le contraste avec l’engagement du numéro 9 sur le terrain : « La gloire, il en a rien à secouer. Mais une fois sur le terrain, quel engagement ! Quelle colère ! Il est même sans pitié. Pour moi, c’est le type même du joueur argentin. » admirait le chanteur et supporter lyonnais Benjamin Biolay sur le site du magazine So Foot.

Un meneur d’hommes

Et en effet, sur le terrain Lisandro López devient littéralement un autre homme. Le discret se métamorphose en meneur d’hommes qui harangue ses coéquipiers, et qui râle auprès des adversaires et des arbitres. Le solitaire se transforme en coéquipier modèle, faisant profiter ses partenaires d’un sens du jeu largement au-dessus de la moyenne. Avec les supporters, le coup de foudre est immédiat. Il faut dire que Licha ne se fait pas attendre pour performer. Après avoir égalisé face au Mans (2-2) sur coup-franc lors de son premier match en Ligue 1, il porte l’OL en tour préliminaire de la Ligue des Champions lors de la double confrontation face à Anderlecht en étant impliqué sur 7 des 8 buts inscrits par son équipe (5-1 puis 3-1). Buteur face à Liverpool en phase de groupes pour égaliser à Gerland (1-1), le numéro 9 lyonnais emmène son club disputer la première demi-finale de C1 de son histoire en étant décisif à chaque tour : passeur décisif à Madrid pour le but de la qualif’ signé Pjanic (1-1) en huitièmes, il inscrit un doublé lors du quart de finale aller face à Bordeaux (3-1). Suspendu pour le retour (0-1), il ne parviendra malheureusement pas à mobiliser les siens pour dépasser le Bayern en demi. Sur la scène nationale, sa première saison est également une franche réussite puisqu’il facture pas moins de 15 buts en championnat. Désigné meilleur joueur de Ligue 1, le mariage entre l’OL et l’ancien joueur de Porto est déjà à son firmament.

Si leur jeu est très complémentaire, l’association Lisandro-Gomis pose un problème à l’Argentin : le profil de l’ancien Stéphanois oblige ses entraîneurs (Puel puis Garde) à l’excentrer sur le côté gauche. « Après trois ans et presque 80 buts, l’entraîneur (Rémi Garde) décide de me faire jouer ailier gauche, avec Gomis en pointe (…). Je n’étais pas d’accord. Après six mois comme ça, j’ai rendu le brassard et j’ai dit que je préférais être remplaçant que jouer à ce poste. » se remémorait Lisandro dans un média argentin, 5 ans après son départ. Vice-capitaine jusqu’en 2012, Garde l’avait désigné numéro 1 suite au départ du défenseur brésilien Cris. Ce conflit avec son coach va marquer le début de la fin de l’aventure lyonnaise, mais également européenne, pour celui qui a marqué l’unique but lors de la finale de la Coupe de France face à Quevilly (1-0 ap), dernier trophée soulevé par l’OL à ce jour. «  À la fin de la saison, j’avais l’opportunité d’aller à la Juventus. Le président de Lyon a refusé. À une semaine de la fin du mercato, Villas-Boas m’appelle pour jouer à Tottenham. Nous étions d’accord sur tout, et le président m’a encore fermé la porte. J’ai appris à ce moment-là que Villas-Boas avait fait une offre pour moi avec Chelsea, mais qu’on ne me l’avait jamais dit, car je n’avais pas d’agent à l’époque. J’étais tellement déçu que je me suis promis de ne plus jamais jouer en Europe. » racontait un Lisandro amer, en 2018. S’il ne remettra effectivement plus les pieds sur le Vieux Continent, Licha va démontrer que son départ au Qatar (Al-Gharafa SC) ne va pas pour autant sonner le glas de sa grinta légendaire.

Après deux saisons sur les bords du golfe Persique, Lopez décide de faire son grand retour en Argentine en 2016, et plus précisément au Racing, le club de ses débuts. Si ses deux premières saisons sont poussives, le capitaine des Bleus et Blancs va littéralement porter les siens lors de la saison 2018-2019, le club terminant champion et Licha se voyant auréolé des titres de meilleur buteur (17 buts) et de meilleur joueur de la saison. Le tout à 36 ans. « Il est un exemple. Aussi bien sur le terrain qu’en dehors, c’est lui qui nous montre le chemin à prendre. Licha est notre capitaine et le joueur de l’effectif avec la plus grande expérience, il nous transmet tout ce qu’il a vécu au long de sa carrière. Et il a un tel amour pour le Racing que ça nous donne un sentiment d’appartenance à ce club. » louait son coéquipier Augusto Solari dans les colonnes du journal argentin Olé. Des qualificatifs qu’auraient pu largement prononcer les supporters lyonnais au cours des quatre années pendant lesquelles ils se sont levés pour Licha.

La pièce manquante quelques années en arrière

« Dès que je suis arrivé là-bas (à Lyon, ndlr), j’ai senti que c’était l’endroit où je devais être. Avec le public, le courant est immédiatement passé. J’étais plutôt bon à l’époque et les gens se sentaient proches de moi. C’était génial. » se souvenait l’attaquant argentin dans les colonnes de Goal Argentine. Les suiveurs de l’OL ne peuvent que regretter de ne pas avoir pu compter sur Lisandro lorsqu’ils commençaient à rêver d’un sacre en Ligue des Champions au cours de la période dorée, notamment entre 2005 et 2007. Lorsqu’ils évoquent cette époque et la dream team qu’était alors le onze lyonnais, beaucoup estiment qu’il manquait un véritable numéro 9 à l’OL. Sonny Anderson est à juste titre très souvent mentionné (il a quitté Lyon après le 2ème titre en 2003), mais nul doute qu’un Lisandro López aurait fait partie des joueurs capables d’apporter ce petit plus permettant de réaliser les rêves les plus fous. « Ce soir, c’est à la vie, à la mort. On ne peut pas quitter ce stade sans avoir tout donné. N’ayez aucun regret. Bonne chance à tous. – signé Licha. ». Si ces mots inscrits sur un tableau dans le vestiaire avaient suffi à pousser ses coéquipiers à se surpasser lors du match retour face au Real Madrid en 2010, nul doute que Lisandro aurait également su manier le verbe avant d’affronter le PSV Eindhoven (2005) ou le Milan AC (2006). Et peut-être que vous, supporters lyonnais, ne seriez pas encore à pester contre le pénalty non sifflé sur Nilmar 15 ans plus tard !

S’il insistait, toujours dans Goal Argentine, sur le fait que son passage à Lyon correspondait de son côté aux  «quatre meilleures années de [sa] carrière », les supporters de l’OL ne peuvent pas en dire autant. Ses quatre saisons entre Rhône et Saône  correspondent en effet au calvaire des deux dernières années Puel et au début de la période des vaches maigres sous Rémi Garde. Lisandro López aura néanmoins représenté une véritable éclaircie au milieu d’un ciel olympien ne cessant de s’obscurcir, dans l’attente de jours meilleurs avec l’arrivée annoncée du grand stade. « Je me sentais vraiment identifié à l’Olympique lyonnais. J’ai été très touché par la fête d’adieux qu’ils m’ont fait lorsque je suis rentré du Qatar » se remémorait Licha, qui avait dit au revoir à Gerland les yeux embués de larmes, avant le coup d’envoi d’un OL-Nice d’août 2013. « Ohéééé ohé ohé ohé Lichaaaa ! Licha ! » : avec toute la gratitude qu’il méritait et le cœur serré, Gerland saluait une dernière fois son goleador.

Gracias Licha !

Crédits photos : OLweb et Damien LG
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