Anthony Lopes, délit de sale gone

Anthony Lopes aurait dû rentrer chez lui avec le sentiment du travail bien fait, dimanche soir : homme du match côté lyonnais, il a une nouvelle fois permis à son équipe de l’emporter sur la pelouse du SCO d’Angers sur la plus petite des marges (0-1). Un total de 7 arrêts déterminants pour le portier franco-portugais, qui permet au collectif de Rudi Garcia de retrouver le podium. Néanmoins, à la suite d’un fait de jeu malheureux, c’est pointé du doigt par à peu près toute la presse sportive nationale que Lopes est parti du stade Raymond-Kopa. En cause ? Une sortie aérienne jugée dangereuse et méchante sur le défenseur angevin Romain Thomas, dès la seconde minute du match. On en oublierait presque que le football est un sport ou certains contacts sont permis.
« On est tellement habitué avec Lopes (…). Et comme les arbitres ne le sanctionnent jamais, eh bien il continue : un jour, cela finira très mal ». Cette attaque frontale -qui sera sans doute interprétée par les supporters lyonnais comme un procès d’intention et non comme une analyse sportive objective- est signée Pierre Ménès (sur les antennes du CFC lors du débrief du match Angers-Lyon). Une déclaration qui a tendance à résumer ce qu’on peut souvent lire et entendre sur le rempart lyonnais depuis plusieurs années.
La collision -involontaire, on vous le dit tout net- entre le genou droit de Lopes et le bas du dos du défenseur angevin Romain Thomas constitue une occasion en or pour jeter à nouveau en pâture le gardien de l’OL à la vindicte populaire. Les journalistes sportifs sont déchaînés, tout comme la toile et ses réseaux de juges numériques autoproclamés, forcément. Même si Lopes peut parfois faire des fautes, comme n’importe quel gardien, il aurait tout de même une spécificité : celle d’être méchant au-delà de la limite. Vraiment ?
L’histoire d’un acharnement
De quelle « habitude » Pierre Ménès parle-t-il ? Des 3 ou 4 sorties musclées voire litigieuses d’Anthony Lopes en 8 ans de carrière et plus de 300 matchs en compétition officielle avec l’OL ? Sincèrement, ce type d’emballement en viendrait presque à nous inciter à être encore plus chauvins que ce que nous pouvons être ! En effet, toutes ces polémiques inutiles ne souligneraient-elles simplement pas que Lopes ne fait que payer, surtout et avant tout, son identité de « pur lyonnais » ? Vous savez la belle histoire un peu énervante au yeux des non-supporters de l’OL : celle du gars qui a grandi dans les travées de Gerland, qui s’est toujours revendiqué supporter du club et qui a fait ses classes au centre de formation de l’OL avant de devenir le numéro 1 de la hiérarchie des gardiens en équipe première.
Il est très clair que Lopes est en effet une anomalie dans le monde du football globalisé : son statut hybride de « joueur-supporter » est rare, ce qui ne doit pas calmer les velléités accusatrices de ce que les plus paranos d’entre nous verront comme “la sphère anti-OL”. A l’inverse, l’amour inconditionnel qu’il porte à l’égard de son club de cœur donne aux lyonnais d’autant plus envie de le défendre. Quand Lyon sort d’une coupe d’Europe, d’une coupe nationale ou subit un revers dans le derby, un seul joueur pleure à chaudes larmes, comme un enfant : Anthony Lopes, pourtant devenu très grand. Des images qui font écho en tribune, comme si « Antho » l’inconsolable en faisait encore partie.
Pire, le portier lyonnais bénéficierait d’une totale immunité auprès des arbitres de Ligue 1. Une énième théorie complotiste fumeuse, dans laquelle Jean-Michel Aulas endosserait le rôle vedette de marionnettiste. Que voulez-vous, les mythes sont tenaces…
Une question cependant : la doxa médiatique avait-elle unanimement accusé Fabien Barthez d’être un kamikaze assoiffé de sang lorsqu’il percuta Ronaldo (le vrai) en finale de la Coupe du Monde 1998 ? Nul besoin d’en donner la réponse.
Un poste à risque
Constamment pointé du doigt, Anthony Lopes ne fait cependant que son travail : repousser les élans offensifs des équipes adverses, match après match. Une mission qui n’est pas tout repos, pour un joueur qui l’a déjà payé de sa personne.
En 2013 d’abord, Lopes se fracture deux vertèbres en terres bretonnes à la suite d’un choc avec un joueur guingampais. Sorti sur civière, le gardien lyonnais n’a jamais accusé ses adversaires du soir de l’avoir délibérément blessé. Il s’agissait d’un simple fait de jeu, d’un hasard malheureux. Hors de question pour lui alors de crier à l’impunité.
6 ans après, Lyon s’aventure en catalogne pour affronter Barcelone en 8ème de finale retour de la ligue des champions 2018-2019. A la 34ème minute de jeu, son ange gardien est obligé de quitter la pelouse, K.O. et en larmes. Il doit abandonner les siens dans ce combat de haut niveau, après avoir été heurté de plein fouet par Coutinho, qui a eu la mauvaise idée de laisser traîner ses pieds au moment de l’impact. Une seule image reste dans toutes les mémoires lyonnaises à sa sortie prématurée : son affectueuse embrassade avec Greg Coupet, alors entraîneur des gardiens. L’Europe du football s’est-elle révoltée de cette blessure ? Non. Et Anthony Lopes ? Non plus.
Le « cas » Kylian Mbappé
En janvier 2018, l’Olympique lyonnais reçoit le PSG pour le compte de la 22ème journée de Ligue 1. Une affiche phare du championnat, qui occasionna un frisson glacial à la fin de la première demi-heure : Kylian Mbappé, lancé de plein fouet dans la profondeur, se fait violemment percuter au niveau du torse par un Anthony Lopes pour le moins explosif. L’intervention est jugée régulière par l’arbitre, malgré la sortie sur civière malheureuse de l’attaquant parisien.
A l’issue de la rencontre, le gardien lyonnais s’est empressé d’aller prendre des nouvelles de Mbappé, lequel a intelligemment éteint tout embrasement sur les réseaux sociaux : « juste un message pour vous dire que je vais bien, plus de peur que de mal malgré ce choc impressionnant. Sans rancune, Antho Lopes ! ». Malgré les attaques envers Lopes, Mbappé a fait le choix de ne pas mettre de l’huile sur le feu, reconnaissant lui-même les aléas du métier.
La « preuve » irréfutable
Après la défaite angevine, une photo du dos de Romain Thomas, présentant une ecchymose, est publiée sur Twitter. S’en suit alors un torrent d’insultes à l’égard du portier lyonnais et de sa famille à la suite de la parution de cette « pièce à conviction ». Honni et conspué, c’est un procès online à sens unique qui est intenté au joueur lyonnais.
S’il faut évidemment espérer que cet hématome disparaisse au plus vite pour le défenseur d’Angers, il convient malgré tout de rappeler que ce fait de jeu n’est tout bonnement pas répréhensible d’un point de vue réglementaire. Déjà, le fait de déployer le genou lors d’une extension relève d’une gestuelle naturelle et instinctive propre à l’homo sapiens. De plus, le regard du gardien lyonnais est porté sur le ballon, du début jusqu’à la fin de l’action. Enfin, Romain Thomas, qui ne peut atteindre la balle, se déplace latéralement pour se mettre dans la course de Lopes afin d’empêcher son intervention. Agissant ainsi, l’angevin ne joue pas le ballon. Un acte d’antijeu est alors sifflé, à juste titre, par l’arbitre central. Ce n’est donc pas l’OL et ses partisans qui le disent, mais le règlement de la Fédération Française de Football.
Être détesté par des gens détestables ne doit pas poser souci à Anthony Lopes. Car oui, le fait d’être le meilleur gardien de Ligue 1 doit en agacer plus d’un.
Parole aux (vrais) experts
Tout le monde donne son avis, mais personne n’a été gardien. Laisser la parole aux scientifiques pour évoquer le contexte sanitaire actuel relève de l’évidence. Pourquoi ne pourrions-nous pas en faire autant avec les spécialistes de la discipline lorsqu’il est question de sorties aériennes clivantes ?
Au milieu du marasme médiatique, Le Parisien tire son épingle du jeu en interviewant l’ancien champion du monde et gardien auxerrois Lionel Charbonnier : « l’arbitre a eu raison de ne pas siffler car c’est l’angevin qui fait la faute en premier. Quand la balle est en l’air, il doit s’arrêter, or on le voit clairement regarder en direction de Lopes. Si aujourd’hui, un gardien ne peut plus sauter dans ses six mètres, cela va être compliqué ».
Charbonnier évoque même la collision de 2018 entre Mbappé et le gardien lyonnais : « pour moi, le parisien est fautif. Il sait très bien qu’il n’aura pas le ballon, mais il y va quand même. A cette vitesse-là, cela ne pardonne pas ».
L’ex-entraineur de Toulouse et ancien gardien marseillais Alain Casanova ajoute quant à lui qu’il « ne considère pas Anthony Lopes comme un gardien qui veut blesser les adversaires. Maintenant, pour être un grand gardien, il faut un minimum d’agressivité ».
Sans doute moins objectif, Julian Pollersbeck, la nouvelle doublure allemande d’Anthony Lopes, abonde en ce sens sur la page officielle du club : « le contact est impressionnant, parce qu’Anthony est un gardien impressionnant. Il est d’une rapidité rare et il l’a démontré. Le joueur vient juste pour le gêner, il sait que même s’il touche le ballon, c’est lui qui fera faute sur Anthony. Il sort et se protège pour prendre la balle, rien de plus. Le football est un sport de contact, surtout au plus haut niveau. En Allemagne, des gardiens comme Casteels et Bürki ont déjà fait ce genre de sortie quand je jouais contre eux et personne ne s’est plaint. Le joueur est conscient du risque qu’il prend à aller au contact avec un gardien ». Tout est dit.
Le duel Lopes-Thomas… Sur RMC !
Lundi soir, les deux protagonistes de « l’affaire Lopes » se sont expliqués dans l’émission « Top of the foot » sur les antennes radiophoniques de RMC. Dans une confrontation en direct face à Romain Thomas, Anthony Lopes a tenté de se défendre : « on m’a appris à sortir comme ça et à mettre le genou depuis que j’ai l’âge de 5 ans (…). On sait qu’un gardien en l’air est très vulnérable. Mon geste est maîtrisé (…). J’ai les yeux rivés sur le ballon. En aucun cas je ne veux faire mal à Romain Thomas, ce n’était pas mon intention ».
Vraisemblablement toujours aussi remonté, Romain Thomas s’est emporté : « si j’avais été méchant, j’aurais pu te marcher dessus », tout en affirmant, à tort évidemment, que « la VAR n’a pas été checkée ». Comble de l’ironie, peu d’intervenants sont revenus sur le geste de ce même Romain Thomas, à deux doigts de briser en deux la cheville de Rayan Cherki en seconde mi-temps, dimanche après-midi. Une intervention qui aurait dû purement et simplement mener à son expulsion et à l’attribution d’un penalty pour Lyon. Malheureusement, c’est un geste licite qui a viré en affaire d’état. Etonnant non ?
Crédit photo : Damien LG
Pour commander le nouveau numéro de Planète Lyon, ça se passe ici.
Pour s’abonner à Planète Lyon, ça se passe ici.
Pour commander les anciens numéros de Planète Lyon, ça se passe ici.
https://youtu.be/XDQl03gjM5w et ca (entre autres )c’est quoi , un montage vidéo specialement pour denigrer lopez??? non !non ! ce sont bien des faits reels de jeux et il y en a plein si vous voulez en trouver ! jadmire lopez car c’est un excellent gardien mais comme un certain schumacher il a des gestes trop violents et souvent gratuits et ciblés! il a fait des sorties aussi rapides et engagées mais elles sont propres et claires tout depend qui est en face