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Analyse

Viva Garcia !

Rudi Garcia, 55 ans, vient d’oser ce que Jean-Louis Gasset - ancien entraîneur des Verts - n’a pu faire, empêchant a priori la venue de Laurent Blanc au poste d’entraîneur principal : passer chez l’ennemi. Même s’il sera naturellement accueilli froidement par les supporters lyonnais, ces derniers ne doivent pas oublier qu’avec Garcia, ils disposent enfin du « nom » qu’ils réclament depuis tant d’années…

2017-2018 : les Olympiques au coude à coude

La saison 2017-2018 est la principale cause de la méfiance des supporters rhodaniens à l’heure d’accueillir Rudi Garcia sur le banc de l’OL. Un retour dans le temps s’impose. Dimanche 18 mars 2018 : l’OL et l’OM s’affrontent dans un Vélodrome impatient d’en découdre. Les Marseillais savent qu’il accueillent un Lyon malade. Au moment d’affronter le club phocéen, l’OL reste sur 7 matchs sans victoire en championnat et peut se retrouver à 8 points de son adversaire du soir en cas de défaite. Bien loin du podium revendiqué en début de saison, donc. Les Phocéens fanfaronnent dans la presse, à l’image de Franck Zambo Anguissa : « On a envie de gagner. Pardonnez-moi d’être vulgaire, mais on veut les exploser, leur montrer qu’on est chez nous et qu’on y fait la loi ». Forcément, la fabuleuse victoire lyonnaise (3-2 sur une tête héroïque de Memphis Depay à la 90ème minute) va faire disjoncter plus d’un Marseillais, public et joueurs confondus. Le symbole de ce renversement lyonnais est la réaction des Marseillais à l’égard de Marcelo qui, chambreur à son tour avec le public, va provoquer un début de bagarre générale. C’est à partir de cette soirée que Marseille et Rudi Garcia vont décider de marquer médiatiquement l’Olympique lyonnais, en insistant notamment sur de prétendues décisions arbitrales favorisant l’OL. « Le match de Lyon contre Dijon ? J’ai pas tout vu, non. J’ai juste vu le penalty et le carton rouge sifflé contre Lyon… J’ai juste vu ça… » ironisait par exemple l’ancien entraîneur de Lille en avril 2018 après une victoire des Lyonnais 5-2. Toujours extrêmement vif avec son téléphone portable, Jean-Michel Aulas n’avait pas hésité à riposter sur Twitter deux jours plus tard. En version originale, ça donnait : « Le manque du respect du coach de l’OM envers le corps arbitral est démoniaque, à force de critiquer tous les matchs même quand il bénéficie de faits de jeu favorables. Il jette le trouble car il est très rarement sanctionné, comme Rami pour les incidents OM-OL ? ». Cette passe d’armes entre les deux Olympiques est également à remettre dans le contexte de l’évolution des saisons respectives des deux clubs depuis l’Olympico houleux de mars 2018. Lyon s’apprête notamment à recevoir la première finale d’Europa League de son histoire et l’OL a avancé une bonne partie de la saison avec le doux rêve de soulever une première coupe d’Europe à domicile. Piteusement éliminés par le CSKA Moscou dès les huitièmes de finale (victoire de l’OL 1-0 à Moscou, puis victoire des Moscovites 3-2 à Lyon), les Gones regardent avec jalousie les joueurs de l’OM réussir un très beau parcours. Évidemment, l’idée de gagner cette coupe d’Europe en terres ennemies devient un objectif pour les Marseillais. Leurs supporters iront même jusqu’à populariser une chanson traduisant leurs intentions en cas de victoire finale : tout casser chez Jean-Michel Aulas. Difficile donc de mesurer l’amour de Rudi Garcia pour l’OL en se rappelant uniquement de cette saison 2017-2018, qui s’était d’ailleurs très bien terminée pour Lyon : une défaite de l’OM en finale de l’Europa League (3-0) et un podium permettant de se qualifier directement en C1 (ndlr : l’Atlético Madrid, déjà qualifié via la Liga, libérait une place de qualification directe pour la France). La mauvaise foi du nouveau coach de l’OL peut donc aussi être interprétée comme de la rage de vaincre. A l’heure d’aller affronter le voisin stéphanois, ce type de mentalité ne déplaira certainement pas aux supporters lyonnais.

Rudi Garcia a aussi des casseroles stéphanoises : il a été l’adjoint de Jean-Guy Wallemme à l’ASSE au début des années 2000 ! (Photo Presse Sports)

Un choix de Juninho ?

Ce n’est pas son idée, mais cela semble être son choix. Il y a deux jours, le Parisien tempérait fortement la piste Garcia : déjà, l’intéressé semblait privilégier une expérience à l’étranger. Mais surtout, le directeur sportif lyonnais semblait peu emballé par le profil du natif de Nemours, en Seine-et-Marne. Entre temps, Rudi Garcia eu l’occasion de présenter sa vision du football aux décideurs lyonnais, dont fait évidemment partie Juninho, et le Brésilien a finalement succomber au charme du milieu offensif des années 1980. « J’ai choisi Rudi Garcia car c’est un combattant qui a, comme nous, l’ambition de gagner des titres et de réussir sur la scène européenne. C’est un entraîneur expérimenté qui a déjà remporté des trophées. Lors de mes différents entretiens, j’ai eu une véritable connexion football avec lui. Nous parlons le même langage en termes de tactique et de jeu. Il prône un football technique et offensif dans la tradition du jeu lyonnais et cela va répondre aux attentes de nos supporters. » a réagi « Juni » sur le site de l’OL, au moment de l’officialisation de l’arrivée de Garcia. Ce dernier a également répondu aux attentes des dirigeants lyonnais sur le plan du staff technique : Garcia arrive à Lyon avec un unique adjoint, Claude Fichaux. La direction lyonnaise ne se retrouve donc pas dans l’obligation de bouleverser un staff technique « made in Lyon » auquel il tient précieusement. Au cours de sa réflexion, Juninho indique enfin avoir pris en compte les succès incontestables du coach Garcia : « partout où il est passé, il a eu des performances très au-dessus de la moyenne et il a toujours su tirer le maximum des effectifs qu’il avait à sa disposition.»

Le nouveau coach lyonnais a l’habitude des joueurs à problèmes. (Photo Presse Sports)

Rudi Garcia, un entraîneur de renom

Puisque le principal grief reproché à l’ancien entraîneur de la Roma est son parcours marseillais (aucun podium en 3 ans), il faut savoir qu’il existe des statistiques faisant clairement pencher la balance vers la réussite lorsqu’on évoque son mandat sur la Canebière. Outre le fait d’avoir emmené son équipe en finale de coupe d’Europe, peu savent que Garcia est le meilleur entraîneur de l’histoire de l’OM en Championnat, lorsqu’on compare les pourcentages de victoires des coachs marseillais a plus de 100 matchs. Avec 52 % de victoires, le vainqueur du trophée UNFP du meilleur entraîneur 2011 devance par exemple Didier Deschamps et ses 46,5 % de victoires (champion de France en 2010). Mais la meilleure période du « sergent » Garcia demeure ses années lilloises. Entraîneur du LOSC de 2008 à 2013, il atteint le nirvana en 2011, en signant un magnifique doublé coupe-championnat. A l’origine de l’explosion d’Eden Hazard au plus haut niveau, il était toujours assis sur le banc lillois lorsque Martine Aubry a inauguré un stade Pierre-Mauroy flambant neuf, en 2012. Cette belle épopée lilloise lui a permis de se faire un nom à l’étranger et c’est finalement l’AS Roma qui flaire la bonne affaire à l’été 2013. Pour cette première expérience loin de l’Hexagone, Rudi Garcia réussit des débuts en fanfare : 10 victoires lors des 10 premiers matchs de Championnat, record de Serie A toujours en cours. Il termine finalement cette saison 2013-2014 à la deuxième place, ce qui constitue une très belle performance, la Juventus étant quasiment intouchable en Italie. Selon le journal transalpin La Repubblica, la carrière de Rudi Garcia aurait même pu définitivement basculé en 2015 : le Real Madrid, qui venait alors de se séparer de Carlo Ancelotti, avait coché son nom pour prendre la relève de l’entraîneur italien (ndlr : Rafael Benitez sera finalement choisi).
Que les supporters lyonnais ne s’y trompent pas : avec Garcia, ils disposent enfin du « nom » qu’ils désiraient tant.

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Un commentaire

  1. Il y a quand même de quoi être circonspect. C’est un coach qui reste sur 2 echecs, 2 licenciements. On a connu mieux, niveau ambition. En terme de jeu, on ne retiendra pas grand chose de son passage à Marseille. Il est sans doute capable de sublimer son groupe pour en tirer le maximum, mais pour le côté tactique, ça reste quand même un mystère. Par ailleurs, il laisse l’impression de quelqu’un qui ne se remet jamais en question (Marseille, toujours) et qui est toujours prompt à rejeter la fautes sur tout un tas de facteurs extérieurs. Ca peut vite poser problème si les débuts ne sont pas bons…S’il est capable d’exploiter le potentiel de l’effectif actuel qui est quand même assez elevé, la remontée espérée au classement semble possible. Mais c’est le reste qui semble beaucoup plus hypothétique. Est-il capable de créer une vraie identité de jeu, de redonner à cet équipe son allant offensif? Va-t-il réussir à refaire de Traoré un vrai joueur de football? Va-t-il avoir les couilles de lancer Cherki et Caqueret MAINTENANT? Et surtout peut-il s’en sortir avec un staff (Coupet mis à part) qui n’as pas donné satisfaction au cours des 3 dernières années? Allez…courage Rudi!

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