Comme un lendemain de cuite

Le réveil fut rude lundi matin, entre Rhône et Saône. Un fichu mal de crâne, peu commun. La grisaille automnale lyonnaise n’en est malheureusement pas la cause. La raison est ailleurs… L’OL partait en mission dimanche soir au Parc des Princes, avec l’étiquette d’outsider qui « aime manger les gros ». Résultat ? Une valise 5 à 0 pour des Parisiens toujours invaincus cette saison en ligue 1, dont un quadruplé de Mbappé en 13 minutes. Ouille, ça pique un peu. Le pire dans cette histoire ? L’OL n’a pas été aussi naze que ça.
Dominalyon
Aussi étonnant que cela puisse paraître et malgré l’étendue du score, Lyon a offert à la France du football une première mi-temps très convaincante voire séduisante. La statistique révèle parfois certaines vérités: au bout des 45 premières minutes, l’OL affiche 63 % de possession de balle. Du jamais vu en terre parisienne depuis l’ère qatarie. Une anecdote qui vaut son pesant d’or, à un moment où le match est loin d’être plié.
Quelques faits de jeux notoires auraient malgré tout dû nous mettre plus rapidement la puce à l’oreille quant à l’issue abracadabrantesque de la rencontre : si l’OL perd déjà Nabil Fekir sur blessure au tout début de la rencontre à la suite d’un contact quasi anodin avec Thiago Silva, Anthony Lopes vient quant à lui offrir très rapidement un penalty à Paris, après une sortie surprenante et évitable dans les pieds de Mbappé dès la 9ème minute.
Pourtant, c’est bien l’OL qui fait le jeu sur la pelouse de l’incontesté leader de la ligue 1 : après un mouvement de grande classe au cours duquel trois Parisiens sont éliminés grâce à son coup de rein, Tanguy Ndombele provoque le carton rouge du découpeur de genoux Kimpembe. Lyon se retrouve donc en supériorité numérique et peut continuer à dérouler et espérer revenir rapidement au score.
Sur un corner de Depay, Di Maria réceptionne le ballon des deux mains. L’arbitre ne bronche pas et ne siffle pas pénalty. Après un carton rouge – qui sent quand même bon la compensation- adressé à un Lucas Tousart qui a visiblement oublié de réfléchir avant d’agir en s’interposant (mal) face à Mbappé, Lyon revient aux vestiaires mené et à 10. C’est bête. Et malheureusement, l’attaque lyonnaise ne parviendra pas à déverrouiller le cadenas parisien en seconde mi-temps.
Un trio offensif muet
Et c’est bien là le problème. Cornet et Traoré ont livré tous deux une performance indigeste, tandis que Memphis, seul en pointe, s’est vu continuellement muselé par la charnière parisienne. Si cela peut fonctionner contre Strasbourg (ah pardon, non plus… !), qu’espérait Genesio avec ce dispositif ? Quand est-ce que Gérard Baticle va oser souffler à l’oreille de Bruno Genesio que Depay est performant lorsqu’il est épaulé par un autre attaquant en 4-4-2 ? Se rappelle-t-il de sa fin de saison dernière ? Et que dire de l’absence du nouvel attaquant Dembélé, recruté à prix d’or dans les dernières heures du mercato estival ? Pas assez compétitif pour débuter cette rencontre cruciale au point de lui préférer Maxwel Cornet au moment de remplacer Fekir suite à sa blessure ? Quand on regarde les choses d’un peu plus près, l’OL concentre beaucoup trop d’interrogations organisationnelles pour espérer quoi que ce soit dans un Championnat de toute façon déjà joué.
Si ce n’est le poteau gag et involontaire (comment en aurait-il pu en être autrement ?) de Cornet, ainsi que l’un des plus grand ratés de l’histoire du football (ah oui, on vous jure !) signé… Cornet, encore lui, alors que Lyon n’était encore mené que d’un but, pas grand-chose à se mettre sous la dent offensivement. Si, tout de même : la belle inspiration de Memphis qui oblige Buffon à régaler en détournant son lob sur sa balle transversale, à un moment ou le match est déjà terminé. Mariano reviens !
L’implosion des Gones
Mené par un Mbappé supersonique, Paris revient des vestiaires avec de toutes nouvelles intentions. Et cela s’en ressent immédiatement. Dans le même temps, Lyon se délite complètement et oublie son replacement défensif. La sanction est immédiate et totale : Mbappé claque un quadruplé en moins d’un quart d’heure et l’affaire est pliée. Si l’OL n’a pas été non plus ridicule comme pourrait le laisser présager le score, Paris tue in fine tout semblant de concurrence au bout de seulement 9 journées de championnat, reléguant son principal rival lyonnais à 13 longueurs au classement. Le fossé est immense. Qu’on le veuille ou non, force est de constater qu’un monde sépare l’OL de l’imbattable et insatiable PSG. Et pas seulement financier.
Une leçon de volonté et d’implication
Paris est agaçant. Car même lorsqu’il ne survole pas les débats, Paris gagne. Pire, Paris humilie. Et semble aimer ça. Paris est insupportablement monstrueux dans la mentalité. Même à 4-0, le onze parisien ne lâche rien et se bat sur tous les ballons. Tout l’inverse de l’OL, qui s’arrête de jouer lorsqu’il mène 1-0 contre des adversaires supposément moins forts et se fait bien souvent remonter. Cela fait trois ans que cela dure. Cela fait trois ans qu’à la fin de chaque match, Genesio condamne l’état d’esprit de ses joueurs « qui ne correspond pas à l’exigence du haut niveau ». Lassant.
BILAN
Véritables âmes en peine errant sur le terrain, les Lyonnais ont sombré hier, et continuent leurs performances « mi-figue mi-raisin » : une première mi-temps de haut niveau et une seconde incroyablement naïve et enfantine. Un match symptomatique de ce qu’est l’OL : adolescent, paradoxal et mal dans sa peau. Seule satisfaction du soir, Tanguy Ndombele, le survivant : sa performance fut encore impressionnante, même s’il lui manque peut être le dernier geste pour être vraiment grandiose. Pas de panique, il le réalisera à coup sûr l’année prochaine avec le maillot du PSG sur les épaules. Et il n’aura cette fois ni Traoré ni Cornet devant lui pour les mettre au fond…
Sinon, il va falloir regagner contre les « mauvais » si Lyon perd contre les bons.
Bonus
Petite prévision certaine pour l’année en cours. Ami.e.s supporters et supportrices lyonnais.e.s, gardez vos nerfs, on sait toutes et tous comment ça va se passer : Lyon terminera certainement le Championnat de France sur le podium, se qualifiera pour une énième saison consécutive en coupe d’Europe (156ème selon Jean Michel Aulas, 6ème selon la police), et trouvera même le moyen de se qualifier en 8ème de finale de Champion’s League avant de se faire sortir par plus gros que lui. Pas de scandale donc. Même bilan dans les deux coupes nationales, puisque Lyon se fera éliminer par Nîmes puis Epinal aux tirs aux buts. Allez, on y croit !