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Notes

Merci pour ce moment

Il y a des jours comme ça, où rien ne peut vous arriver. Touché par la grâce, l’OL est venu à bout du grand Manchester City et démarre sa campagne européenne 2018-2019 d’une manière exceptionnellement inattendue : victoire 2 buts à 1 sur la pelouse du champion d’Angleterre en titre et du grandissime favori de la Champion’s League. Du délire. Non vous ne rêvez pas : Lyon a coulé la City. Animé par une envie irrépressible d’en découdre collectivement, Lyon a enrayé la mécanique mancunienne et signe l’un des plus grands exploits européens de son histoire. Un coup de maître retentissant signé Bruno Genesio, le mal aimé.

La genèse d’une prouesse

A l’annonce du onze titulaire lyonnais qui allait affronter le rouleau compresseur anglais, bon nombre de supporters ont dû croire à une mauvaise blague : un 4-4-1-1 inédit, avec la titularisation de Maxwel Cornet sur le flanc droit de l’attaque et du méconnu Pape Cheikh Diop au milieu. Trois énormes surprises qui ne laissaient a priori augurer rien de bon du côté lyonnais… Car oui, quasi personne n’attendait l’OL à ce niveau dans cette rencontre, qui avait initialement plus l’allure d’une version contemporaine de David contre Goliath que d’une réelle opposition entre deux cadors européens. A commencer par le début de saison pour le moins poussif de l’Olympique lyonnais, tout était écrit pour que l’OL se fasse littéralement manger par Manchester City dans cette première joute européenne. Or, il n’en a rien été. Pour la première fois de la saison, l’OL a proposé du jeu : souvent clairvoyant et judicieux, parfois lumineux. Faisant preuve d’un esprit collectif sans faille, Lyon a avant tout régalé dans son attitude, concernée et généreuse : sur la pelouse, il y avait côté lyonnais onze petits bonhommes prêts à tout pour créer quelque chose, ensemble. C’est ainsi qu’a pu naître ce véritable tour de force de l’OL. Une performance XXL, qui a frisé à plusieurs reprises la perfection. Chapeau bas, messieurs !

Deux hommes, deux revanches

Souvent critiqué pour sa direction tactique et le niveau de jeu inégal affiché par l’OL depuis maintenant 3 saisons, Bruno Genesio est le symbole de cette victoire historique. Moqué et conspué, il a répondu hier à l’Europe du football de la plus belle des façons en remportant le combat tactique face à son modèle de toujours, Pep Guardiola. Dans la tourmente depuis plusieurs semaines, ses choix forts ont payé, et son équipe a brillé. Ambitieux dans le jeu, l’OL fut méconnaissable. Genesio avait prévenu la veille en conférence de presse que c’est par le jeu que l’OL pouvait espérer ramener quelque chose de Manchester. Quand la majeure partie des équipes de Premier League viennent jouer le zéro zéro et repartent avec une valise, Lyon a décidé de faire l’inverse. Et l’OL a surpris. Le salut olympien est donc venu par la volonté de se projeter continuellement vers l’avant, de tenter, de percuter, de casser les lignes. C’est en faisant que les idées viennent, et avec de tels joueurs offensifs, pourquoi se priver ? Rendons à César ce qui appartient à César : Genesio a eu tout juste et a tout vu avant les autres. L’alternance entre le pressing haut instauré dès le début du match et le bloc bas verrouillant la défense olympienne en seconde mi-temps a complètement déstabilisé les citizens, qui ne s’attendaient certainement pas à un pareil engagement physique de la part des Gones.

Qui dit « engagement physique » dit « Maxwel Cornet ». Continuellement raillé, lui aussi, depuis son arrivée entre Rhône et Saône, l’international ivoirien tient enfin son match référence. Il a été l’un des grands artisans de la victoire lyonnaise, symbolisée par sa superbe ouverture du score à la 26ème minute de jeu. Intenable sur son côté droit, Cornet a multiplié les efforts tout au long de la rencontre. Que ce soit son repli défensif – aussi impressionnant qu’exemplaire – ou son explosive implication offensive, Cornet ne s’est pas ménagé et a fait mal à la défense mancunienne. Qui l’aurait cru lorsque son nom est apparu aux yeux de tous sur la feuille de match ? Personne… excepté Genesio himself.

La terre du milieu

Plus disciplinés que le bataillon de Joinville et aussi bien vêtus que le personnel de la DDE – mais qu’est-ce que c’est que ce maillot orange !? – les Lyonnais sont parvenus à contenir les assauts répétés des Mancuniens, malgré les offensives impressionnantes de l’intenable Leroy Sané. A commencer par la formidable et innovante paire Diop-Ndombele au milieu de terrain lyonnais. Quel plaisir de les voir évoluer ensemble : ça chipe des ballons, ça distribue, ça élimine, ça se projette… A eux d’eux, ils ont mangé le milieu mancunien en première période. A l’origine de tous les bons coups lyonnais, ils ont fait preuve d’une grande sérénité couplée à une justesse de jeu assez incroyable, ce que l’on n’avait d’ailleurs pas vu depuis des lustres côté lyonnais. Ndombele et Diop ont du velours dans les pieds. Ils ont grandement participé au succès du soir et à ce que l’OL soit la première équipe française à s’imposer sur le terrain de City en coupe d’Europe.

Fekir, encore et toujours

Cela devient compliqué de se renouveler dans la tartine de louanges adressées match après match au capitaine lyonnais… Que dire, si ce n’est que Fekir a encore réalisé une partition parfaite, un match grandiose ? En offrant le but du break à l’OL à la 42ème minute de jeu – son premier en Champion’s League ! -, il vient encore prouver à tout le monde qu’il est le maître à jouer incontesté de l’OL. Disponible et alerte, Fekir a marché sur l’eau et a survolé les débats. Avec ce Nabil des grands soirs, Lyon peut espérer beaucoup, que ce soit sur la scène hexagonale ou européenne. En tous les cas, son genou ne se porte pas si mal que ça… Liverpool peut s’en mordre les doigts !

Dur également de ne pas évoquer tous les autres : l’impérial Lopes et ses 7 arrêts magnifiques, le très sûr Jason Denayer et sa relance balle au pied aussi classe que son nom, le stakhanoviste Rafael ou la définition même du don de soi…

L’OL fut même proche du coup parfait : à 2-0, Depay est à deux doigts de punir City mais frappe le poteau, après avoir été merveilleusement lancé par Ndombele. Mais qu’à cela ne tienne : l’OL peut savourer, car l’OL vient d’écrire l’une de ses plus belles pages européennes. On avait presque perdu l’habitude de les complimenter et de les couvrir de mots doux. Lyon a eu tout bon, et a pris toutes les bonnes décisions. Jusqu’à présent, on ne comprenait pas pourquoi le président Aulas avait pu refuser des offres mirobolantes venues d’Allemagne pour Maxwel Cornet. On ne comprenait pas non plus pourquoi l’OL avait recruté Diop il y a plus d’un an pour quelques fugaces apparitions sous le maillot lyonnais. Tout a pris sens hier soir.

Alors oui, vous l’aurez compris : cet article relève plus de la déclaration d’amour que de l’analyse technico-scientifique à proprement parler. Depuis mercredi soir, oui, on a la tête dans les étoiles. Car mercredi soir, oui, c’est le football qui a gagné. Un football généreux, spontané. Un football sans calcul, tout en honnêteté. Un football ou onze petits bonhommes ont tenu tête à l’une des meilleures équipes du monde. L’Olympique lyonnais a eu ce supplément d’âme que les pétrodollars émiratis, propriétaires de City, ne pourront jamais acheter. Alors, à Bruno, à Nabil, à Maxwel et à tous les autres : Merci. Merci pour ce moment.

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