Bilan du mercato estival
Au terme de la saison 2017/2018, qui aura vu l’OL accrocher le podium en L1 et donc une participation à la prochaine édition de la Ligue des Champions, Jean-Michel Aulas a, comme dans son habitude, promis un mercato ambitieux afin de pouvoir relever tous les challenges de cette nouvelle saison. « Augmenter la qualité de l’équipe », « garder l’intégralité de l’effectif », « au moins un très grand nom pour renforcer l’équipe », tels ont été – entre autres – les mots du président relayés dans la presse dès la fin du championnat. Une semaine après la fermeture du marché des transferts, il est temps de tirer le bilan d’un été pour le moins mouvementé du côté de l’OL.

Des départs très lucratifs, une spécialité lyonnaise
Au début d’un mercato européen relativement calme (période de Coupe du Monde oblige), l’OL s’est montré particulièrement actif dans le sens des départs. Et le moins que l’on puisse dire est que le club a une nouvelle fois excellé en la matière. Avec la vente notamment de joueurs considérés comme remplaçants (Diakhaby, Maolida) ou prêtés la saison dernière (Darder, N’Koulou, Mateta, Kalulu, Del Castillo), ainsi que du jeune Geubbels (refusant de signer un contrat professionnel avec son club formateur), Jean-Michel Aulas a joliment renfloué les caisses déjà bien garnies sans toucher au 11 départ de Bruno Genesio. Et au total, ce sont plus de 80m€ qui ont été perçus par le club sans compter les bonus !
Cependant, la vente de Maolida à Nice mi-août peut paraitre frustrante au regard de la grave blessure d’Amine Gouiri survenue quelques jours plus tard. Il aurait pu grapiller du temps de jeu sur le front de l’attaque lyonnaise en l’absence de Gouiri tout en permettant une vente inespérée de Cornet à Wolfsburg. La faute à pas de chance, un espoir a été cédé, un autre s’est gravement blessé, et Maxwel Cornet est finalement resté… Mais Jean-Michel Aulas a tout de même récolté une belle somme (et assuré ses arrières en plaçant un pourcentage significatif sur la plus-value réalisée en cas de cession du joueur par l’OGC Nice) pour un jeune qui n’a jamais totalement confirmé les espoirs placés en lui.
Le rocambolesque départ de Mariano au Real en toute fin de mercato peut également être discuté… Malgré un statut de buteur hors pair au sein de l’effectif, il a été rétrogradé à un rôle de remplaçant de luxe en fin de saison dernière par Bruno Genesio, qui a considéré Memphis Depay comme l’option numéro 1 à la pointe de l’attaque, aux côtés de Bertrand Traoré lorsque qu’un système à 2 attaquants axiaux est privilégié. Une situation pas du tout au goût de l’hispano-dominicain, lui qui rêvait d’un retour dans le club merengue à la seconde où il a posé ses pieds sur le tarmac de Saint-Exupéry. Et comme Jean-Michel Aulas a rarement retenu un joueur contre son gré, lui qui tient (à juste titre) à préserver une ambiance sereine dans le vestiaire, les supporters lyonnais n’auront pu apprécier la grinta du « goleador » au Groupama Stadium qu’une petite saison seulement.
Enfin autre bémol, le club lyonnais n’a pas réussi à se débarrasser du salaire imposant de l’indésirable (mais néanmoins irréprochable dans l’attitude) Mapou Yanga-Mbiwa.
Des espoirs et un renfort de second choix à défaut de « grand nom »
Au rayon des arrivées, l’OL n’a pas attendu le 9 juin et l’ouverture du marché des transferts pour se renforcer, ayant finalisé dès le mois de janvier les venues pour cette saison du jeune Martin Terrier en provenance de Lille (qui a signé de très belles prestations en matchs de préparation lui permettant certainement de bénéficier d’un temps de jeu conséquent cette saison) et de Léo Dubois en fin de contrat avec Nantes. La signature de ce dernier représentait à la fois une opportunité de se renforcer qualitativement à moindre coût tout en anticipant un départ probable de Rafael dont le contrat s’achève en 2019 et pour lequel aucune discussion sérieuse n’a semble-t-il été menée avec les dirigeants pour prolonger son bail. Cependant les négociations avec Besiktas n’ont pas abouti et avec Kenny Tete l’OL dispose désormais de 3 joueurs pour le poste de latéral droit, créant un véritable embouteillage. A l’heure actuelle c’est le défenseur hollandais qui fait les frais de cette rude concurrence, et il n’a d’ailleurs pas hésité à exprimer son mal-être face à cette situation il y a quelques jours dans la presse de son pays.
Mais l’épisode phare de l’été lyonnais, outre le faux-départ de Nabil Fekir sur lequel nous reviendrons plus tard, a été incontestablement la quête d’au moins un défenseur de niveau international tant espéré par Bruno Genesio. Pour cela le club lyonnais avait jeté son dévolu tour à tour sur 3 joueurs dont 2 étaient présents à la Coupe du Monde en Russie : le Français Abdou Diallo (capitaine des Espoirs, pur gaucher formé à Monaco et qui évoluait la saison dernière à Mayence), le colombien Yerry Mina (indésirable au FC Barcelone qui l’a fait venir 6 mois plus tôt), ainsi que le jeune prodige portugais Ruben Dias du Benfica Lisbonne. Toutefois le premier a prolongé son expérience en Allemagne en décidant de rallier le club de Dortmund entraîné désormais par Lucien Favre (dont le discours a semble-t-il fait la différence aux yeux du défenseur français), tandis que le deuxième a préféré jouer pour « l’ogre » d’Everton plutôt que d’exprimer son talent en Ligue des Champions. Une véritable désillusion pour les dirigeants lyonnais qui mesurent encore les progrès à parcourir pour réussir à attirer des joueurs de classe internationale. Quant à Ruben Dias, malgré plusieurs offensives de la part du club lyonnais jusqu’à la toute fin du mercato, il s’est vu refusé le départ entre Rhône et Saône pour tout offre en dessous de sa clause libératoire (45 M€ puis 60 M€ fin août après avoir prolongé son contrat). Des sommes que le président lyonnais ne semble visiblement pas encore prêt à lâcher pour passer un cap malgré un portefeuille débordant… Finalement, le seul renfort à ce poste aura été une piste de longue date : Jason Denayer. Le Belge de 23 ans, en provenance de Manchester City (club pour lequel il n’a pas disputé la moindre minute de jeu) présente l’avantage de pouvoir jouer aux 3 postes de la défense, mais c’est bien pour former la charnière centrale avec Marcelo (fraichement prolongé après avoir été courtisé par West Ham) qu’il a été recruté après les échecs sur les autres dossiers. Sa 1ère prestation face à Nice a été plutôt positive malgré la défaite, se montrant solide dans ses interventions et relativement propre dans ses relances, mais le recrutement dans ce secteur de jeu peut laisser un goût amer à l’OL qui devra composer avec le seul Jeremy Morel comme remplaçant de métier pour faire face aux blessures et suspensions…
Au milieu de terrain les plans ont été revus suite au feuilleton Fekir et son départ avorté à Liverpool juste avant le début de la Coupe du monde en Russie. Le milieu de terrain mexicain Hector Herrera était pisté, mais face aux exigences du club de Porto et à défaut de récolter les 60 M€ minimum demandés pour le transfert de son capitaine, le club s’est surtout concentré sur la prolongation de ses pépites Ndombélé (dont la clause d’achat venait d’être levée après son prêt d’un an à l’OL) et Aouar, tous deux ardemment courtisés par des clubs étrangers. Bruno Genesio ne verra donc pas débarquer dans son effectif un joueur du profil de Lucas Tousart afin de pouvoir le laisser souffler de temps en temps. Les prestations convaincantes du revenant Pape Cheikh Diop ont peut-être persuadé les dirigeants lyonnais qu’il pouvait dépanner à ce poste, tout comme Jordan Ferri qui n’a pas trouvé de porte de sortie afin d’augmenter son temps de jeu. Cela peut paraître un peu léger et manque clairement d’expérience pour appréhender l’ensemble des compétitions à venir.
En attaque, suite au départ de Mariano, l’OL a dû travailler dans l’urgence afin de lui trouver un successeur digne de ce nom. Moussa Dembélé est arrivé dans les toutes dernières heures du mercato avec son profil d’attaquant complet, aussi à l’aise du pied droit que du pied gauche, et possédant un sens du collectif plus prononcé que le neo-Madrilène. Il sera classé dans la catégorie « bonne pioche » s’il parvient à claquer une vingtaine de buts tout au long de la saison. On peut en revanche regretter le comportement du joueur qui est parti au clash avec le Celtic Glasgow afin de rejoindre les rangs lyonnais, le club n’étant pas à l’abri qu’une telle situation se reproduise l’été prochain si un cador anglais tape à la porte. Et après l’épisode Mariano cette saison cela commencerait à faire beaucoup si l’OL devait partir à la quête d’un « grantatakan » chaque année…
Malgré tout, pour finir sur une note plus que positive, Nabil Fekir, que tout le monde voyait s’envoler à l’étranger en fin de saison dernière fait toujours partie de l’effectif, et s’il arrive à digérer son faux départ et rester concentré sur les objectifs à venir du club il pourrait être considéré comme le plus grand renfort de l’été. Etonnamment, le président Aulas ne l’a pas présenté ainsi alors qu’il est coutumier du fait pour relativiser l’absence de recrutement de star internationale comme espéré par tout le peuple lyonnais.
L’OL a donc réussi à garder son capitaine une saison de plus et s’est renforcé qualitativement, notamment au poste de défenseur central avec la venue de Jason Denayer, mais il s’est également compliqué la tache en compilant les arrières droit et en ne recrutant toujours pas de doublure à Lucas Tousart. Un recrutement comme lors de la saison précédente basé sur de jeunes espoirs abordables mais avec peu d’expérience du haut niveau qui pourrait faire défaut lors des grands rendez-vous. Les prochaines échéances en septembre avec la réception de Manchester City en Ligue des champions et de Marseille en L1 ainsi que le déplacement au Parc des Princes début octobre pourront constituer un bon indicateur de la réussite du mercato estival lyonnais.
Résumé des principaux mouvements (hors bonus) :
Départs : Mariano Diaz (Real Madrid, 24.2m€) ; Willem Geubbels (Monaco, 20m€) ; Mouctar Diakhaby (Valence FC, 15m€) ; Myziane Maolida (OGC Nice, 10m€) ; Sergi Darder (Esp. Barcelone, 8m€) ; Jean-Philippe Mateta (Mayence, 8m€) ; Nicolas N’Koulou (Torino, 3.5m€) ; Aldo Kalulu (FC Bâle, 2.1m€) ; Romain Del Castillo (2m€).
Arrivées : Moussa Dembélé (Celtic Glasgow, 22m€) ; Tanguy Ndombélé (Amiens, 8m€) ; Jason Denayer (Manchester City, 6.5m€) ; Lenny Pintor (Brest, 5m€) ; Léo Dubois (Nantes, fdc).
Guillaume Meiffren