
Je dois vous avouer quelque chose : quand le Directeur de la rédaction du site web de Planète Lyon m’a demandé de faire un article focus sur la saison lyonnaise, j’ai hésité. Longuement. Je me suis dit qu’un.e collègue aurait la douce obligeance de s’emparer de ce sujet et de le creuser à ma place. Histoire de refiler la « patate chaude » à quelqu’un d’autre et ne pas m’encombrer d’un pareil poids moral : la tâche analytique semblait trop lourde à encaisser pour mes frêles épaules. Oui, j’ai voulu botter en touche. Mais comme je ne suis pas rugbyman, c’est tout tremblotant et la sueur dégoulinante du front que j’ai malgré tout décidé de relever le défi : mettre en mot la saison 2017-2018 de l’Olympique lyonnais. Tout un programme. Un monde même, qui a défié cette année encore et à de multiples reprises les lois de la rationalité.
Quoi qu’on en dise, le constat est amer : la saison de l’OL est un immense gâchis. Un océan de déceptions ou des éclats de lumières individuels sont venus, par intermittence, panser des plaies béantes et encore douloureuses aujourd’hui.
Une énième saison blanche, pas la moindre coupe nationale à se mettre sous la dent depuis belle lurette, une élimination coupable et suffisante en 8ème de finale de Ligue Europa face à un club pour le moins « prenable »… Il n’y a pas à dire, ce Lyon là est un chaton. Qui ronronne dans un match, s’endort, et finit inéluctablement par se faire punir. Pourtant, l’équipe fut capable du meilleur. Asséner d’importants revers à bon nombre d’équipes de l’hexagone, renverser des montagnes en corrigeant le PSG, reconquérir in extremis et de manière éblouissante une troisième place de Ligue 1 (qualificative par miracle pour la LDC) avec une série de victoires impressionnante… C’était inespéré il y a peu, mais l’OL va retrouver la Ligue des champions. C’est un ouf de soulagement. Car oui, cela aurait pu être bien pire. Car oui, l’OL revient de très loin. Et évite ainsi le naufrage d’un championnat à la physionomie constamment changeante. Mais comment aurait-il pu en être autrement avec un effectif d’une telle qualité ?
C’est en cela que réside la beauté du drame lyonnais, saison après saison : un jeu léché à faire pâlir n’importe quel amoureux de football, un quasi carton-plein contre tous les cadors de Ligue 1, des occasions manquées, des poteaux fracassés… Mais aussi et surtout : une irrégularité à toute épreuve, des failles psychologiques insondables, des choix de l’entraîneur plus que discutables, des pertes de points frustrantes et évitables contre les plus petites équipes du championnat, des penaltys oubliés, des expulsions clownesques… Faire l’inventaire des regrets de la saison lyonnaise nécessiterait la rédaction d’un papier équivalent à une thèse de fin d’étude. Alors tenons-en nous là, voulez-vous ?
On va la jouer simple, basique : on vous a concocté les tops et les flops de la saison, classement à valeur non exhaustive et sans nul doute teinté d’une bonne dose de mauvaise foi… lyonnaise ?
Plaisirs fugaces (top of the pop)
1. Fekir contre Saint-Étienne. Parce que l’ampleur du score, parce que son geste. Parce que Nabil a ce « je ne sais quoi » qui ne peut s’expliquer. Dieu existe, et si on devait le noter sur 10, on lui mettrait un 11.
2. Le compte Instagram de Memphis Depay. Autant on se serait bien passé de ses publications autocentrées (« #youngking », les vrais savent…) et de son melon surdimensionné, autant ses buts contre Paris et Marseille ainsi que sa fin de saison en boulet de canon nous ont fait rêver. Le roi de la stat’ et des compiles YouTube. Le show Memphis, la fin du feu Depay ?
3. Les pépites Tanguy Ndombele et Houssem Aouar : parce que la barre du parc des princes en tremble encore, parce qu’ils sont le présent et le futur de l’OL… Si Paris décide de ne pas les asticoter durant le mercato. Deux joueurs qui font oublier le départ précipité d’un certain Sergi…. Sergi qui ?
4. Jordan Ferri. Une saison en boulet de canon, des buts à la pelle… Non, on déconne : pas le joueur le plus brillant (jimbo RPZ) de l’effectif, mais un cœur et un esprit gros comme ça. Et ça, ça mérite bien la médaille en chocolat.
5. L’armada offensive de l’OL. Aussi flippante que l’armée des Marcheurs Blancs de Games Of Thrones, les graillages intempestifs en plus. Mais la meilleure attaque de l’histoire du club avec plus de 80 buts inscrits en Ligue 1. Jon Snow likes this.
6. Les courses chez Monoprix de Memphis Depay pour des migrants. Dans la semaine précédant le choc Lyon-Paris dont il ressortira homme du match, Depay croise au volant de son bolide un camp de réfugiés. Il décide alors de rebrousser chemin et d’aller leur acheter de quoi se nourrir. Les identitaires du parc OL ont dû rager. Le double beau geste.
7. Les bouderies de Rafael. Quand il prend un jaune pour un tacle au niveau des yeux, sa réaction ressemble à celle d’un enfant qui vient de se faire réprimander par la maîtresse. Mignon comme un cœur.
8. La vitesse de Ferland Mendy. Parce que lorsqu’il a décidé de déborder et de transpercer une défense, il s’en donne à cœur joie. Ce mec a trois poumons. Mendy Baala.
9. Le sourire de Ferland Mendy. Parce qu’il passe les 90 minutes de ses matchs mort de rire sur la pelouse. Et c’est quand même cool à voir.
10. Les caviars de Clément Grenier, métronome de l’entrejeu. Comment ça il ne joue plus à l’OL ?
Crèves-cœur (flop of the pop)
1. Le carton rouge abracadabrantesque adressé à Marcelo lors d’Angers-Lyon qui se solda par un vulgaire trois partout. A montrer dans toutes les écoles d’arbitrage. Pour ne jamais, ô grand jamais, que cela se reproduise sur un terrain. #balancetonarbitre.
2. Maxwel Cornet. Parce que Maxwel Cornet. Il aura toute la bonne volonté du monde à courir partout et à multiplier les efforts, il restera à jamais un joueur d’une maladresse incroyable.
3. La doublette Mariano-Depay : parce que deux melons dans une salade lyonnaise, ça n’est juste pas possible. Ils auraient pu faire encore plus mal si le mot « altruisme » faisait partie de leur vocabulaire. Okay, c’est quand même un gros TOP déguisé.
4. La suffisance de Maxwel Cornet face à Moscou. Alors que l’OL est malmené par les Moscovites, l’équipe parvient à marquer par l’intermédiaire de Cornet, qui célèbre son but façon Eric Cantona. La classe et la légitimité en moins. Fier comme un coq et encore tout enorgueilli de son but, Cornet s’enflamme et tente nonchalamment quelques futiles gris-gris sur le côté droit pour amuser la galerie. Perte de balle, Moscou double la mise et enterre définitivement les espoirs européens de l’OL. Honteux. Max la menace.
5. L’attitude déplacée de Marçal envers Bruno Genesio face à Moscou. Décidément, le match des flops. Après une performance globalement ratée, Marçal finit par être remplacé. Problème, cela ne lui plaît pas et le fait savoir à Pep Genesio, qui ne l’entend pas de cette oreille. Une altercation éclate entre les deux. Marçal a depuis disparu de la circulation, et ce n’est pas volé. Mar-sale soirée.
6. Le nombre de points incalculables donnés à tous les 18èmes de Ligue 1. Lyon en mode sécurité sociale et redistribution des richesses. Lyon insoumis.
7. Les remplacements de Bruno Genesio. Les rempla quoi ?
8. Les tweets de notre Jean-Mimi national. Parce que.
9. La deuxième place du classement des montants touchés au cours de la saison. A seulement une unité de l’intouchable PSG qui plante 38 fois par an sa tente Quechua dans toutes les surfaces de réparation à chaque match de Ligue 1. C’est dire de la performance. Lyon touche (Léo) Dubois.
10. Marseille en finale de Ligue Europa au Parc OL. Cauchemardesque. Indice UEFA mon c.. !
In fine, c’est un peu pour toutes ces raisons, bonnes ou mauvaises, qu’on l’aime, cet OL : tour à tour poissard, prometteur, agaçant, lumineux, friable, talentueux, décevant, génial.
L’Olympique lyonnais est une formidable contradiction.
Un ascenseur émotionnel.
Crédit photo : Damien LG.